DOMAINE DIDIER MONTCHOVET
Le journal du millésime 2016
Hiver : Un hiver raisonnablement froid et humide. Nous avons commencé à tailler un peu plus tôt, les vendanges étaient plus tôt, les 13 ha en production demandent davantage de travail...
Fabien et Manu taillent pendant la bonne lune, Silvina et Elise les suivent pour tirer les bois. On les entends souvent chanter toutes les deux....
Manu nous quittera en avril, après 10 ans de magnifique collaboration. Il s'en va à Meursault monter un domaine avec son meilleur pote... Vive la jeunesse! Nous le regretterons, c'est sûr.
6 Mars : Notre petite grange prévue pour entreposer nos préparations, plantes et matériels biodynamiques a été incendiée dimanche 6 mars.
Bel oeuvre posée sur la colline, loin des hommes, à l'abri des ondes et pollutions de tous ordres.
Bel oeuvre réalisée en rondins de bois brut, artisanalement, quasi tout à la main.
Le permis pour cette construction nous avait été refusé, nous avons été condamnés par la justice pour avoir construit avant PC. Nous avons fait appel de cette décision et le permis venait de nous être accordé, depuis janvier, et la commune condamnée.
Un jeune artisan venait de commencer les finitions, une fenêtre presque posée et des croquis magnifiques, car il voulait en faire son "chef d'oeuvre".
C’est probablement le fait d'1 ou 2 personnes. Un ou deux "justiciers" au-dessus des lois. Un ou deux sauvages.
27 avril :
Le gel a "grillé" nos 13ha de vignes... A 100%.
Les bourgeons fraîchement sortis sont tous noirs. Une froide nuit et la récolte 2016 est d'ores et déjà très compromise. Nous sommes catastrophés.
Quels effets ont le gel? Tous les bourgeons sortis, ce qui était le cas, vont tomber, séchés par le gel, et surtout par un dégel trop rapide. Bizarrement, c'est le soleil du matin qui a provoqué les dégâts.
Ces bourgeons portaient les futurs fruits. Tout cela est perdu.
Que repoussera-t-il? Personne ne peut le dire. Des branches sûrement, anarchiques et plus difficiles à relever. Porteront-elles quelques grappes? Bien peu d'après les anciens, qui n'ont jamais vu un gel pareil.
La dernière gelée date de 1981, beaucoup moins importante.Cette année là, les vendanges ont coûté plus cher que le raisin ramassé...
8 juin :
Nous avons commencé l'échetonnage, avec presque un mois de retard : on enlève normalement les bourgeons doubles. Cette année, casse tête...Il n'y a rien, ou des choses bien bizarres, du jamais vu. Et la pluie incessante qui contrarie bien le laboureur.
28 juin :
On voit bien maintenant... Quelques inflorescences par ci par là.
2 ou 3 vignes où c'est mieux : 2 raisins par pieds, au mieux.
La vigne s'est en fin réveillée. Tout ne pousse pas, mais sans doute suffisamment pour redonner de la vigueur aux pieds.
Un nouveau fléau avec ce printemps si pluvieux : une attaque sans précédent de mildiou. Beaucoup d'inflorescences sont déjà prises. Pourtant les traitements ont été faits, malgré le peu de créneaux pour rentrer dans les vignes.
A cette date, la fleur n'est pas encore passée, sauf à Beaune.
15 août :
Un mois de travail harassant sous une grosse chaleur en juillet.La vigne a rattrapé sa pousse de trois mois en un seul, anarchique, inégale... un travail de relevage très difficile. Heureusement, la bonne volonté de nos ouvriers : Fabien, l'inégalable, Silvina, l'endurante, Elise, l'efficace.
Les quelques raisins épars ne nous réconfortent pas. On sait déjà que plus de la moitié du Domaine n'aura pas besoin de vendange...
Plus rien à sauver, épuisés, on part en vacances 15 jours! Aussi longtemps? Du jamais vu, jamais fait!
22 septembre :
On attaque ces drôles de vendanges, qui ressemblent davantage à du grappillage... Vous savez, ces quelques raisins oubliés par les vendangeurs, que les passants ramassent.
On vous dira.
1er novembre :
Voilà, on sait : une moyenne de 6hl par hectares, soit 10% d'une récolte "normale".
C'est quoi d'ailleurs une récolte "normale??
