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A l'heure où l'agriculture biologique est devenue une notion incontournable dans les milieux de l'alimentation saine, l'agriculture biodynamique demeure, pour la plupart, un terme obscur. Certains ont entendu parler d'influences cosmiques, d'autres de l'oeuvre de Rudolf Steiner, quelques rares personnes ont goûté, un jour ou l'autre, à ses produits. Mais la plupart n'ont jamais eu l'occasion d'avoir une approche sérieuse de la biodynamie, de ses fondements spirituels comme de sa pratique, de son histoire comme de son développement actuel.
La Terre organisme vivant, est la base de l'agriculture
biodynamique.
En effet, l'approche biodynamique permet de concevoir la Terre non pas comme une planète perdue dans l'Univers,
mais comme une entité vivante, un gigantesque organisme vivant en accord avec les impulsions du Cosmos, un organisme qui a ses rythmes (les jours, les saisons), lesquels règlent la vie végétale
et animale.
Cet organisme a une histoire propre entre sa naissance et sa mort future (qui ne sera qu'une étape et non une fin, comme toute mort). La principale caractéristique qui la
différencie des autres planètes est que son évolution est solidaire de celle de l''Homme. Ainsi, si l'on peut observer que la Terre vieillit et perd de sa vitalité originelle (que l'on peut
encore voir, par exemple, dans les forêts tropicales), on constate, parallèlement, que le pouvoir de l'Homme n'a cessé d'augmenter.
Notre époque apparaît alors comme une charnière. Le sort de la Terre est entre les mains de l'Homme : il est totalement responsable de son avenir, de sa destruction, ou de sa
régénérescence.
L'Homme et les règnes :
Minéral :
Le règne minéral (ou inanimé) est le domaine, par exemple, de l'architecture qui, par ses formes,
les rapports qu'elle développe, pénètre dans l'inconscient et conditionne, en partie, la formation et l'évolution de l'Homme. Une architecture cohérente se doit donc de respecter à la fois les
lois de l'Homme, du Cosmos et du lieu pour apporter le maximum d'équilibre à l'être humain.
A l'inverse, on peut être amené à penser que l'architecture dominante "carrée", va aider à développer, dans l'esprit de son occupant, une pensée également
"carrée".
Végétal :
En ce qui concerne le règne végétal, la vitalité d'un sol, concentrée dans sa couche superficielle, peut être visualisée
par celle des plantes qui y poussent. Or on se préoccupe essentiellement de l'analyse physico-chimique des plantes pour déterminer leur intérêt pour l'alimentation humaine, alors qu'il est
beaucoup plus intéressant de développer des diagnostics de vitalité, ce que mettent en évidence, par exemple, les « cristallisations sensibles ».
L'intérêt d'un aliment réside essentiellement dans son potentiel de force de vie et non dans la composition physico-chimique. La non utilisation de produits chimiques, pour la
culture ou l'élevage, ne constitue donc pas une conditions suffisante pour obtenir un aliment de qualité, mais seulement une condition nécessaire, car leur utilisation stimule d'abord les
bactéries du sol, puis les épuisent et finalement minéralisent le sol.
Pour l'agriculture biodynamique, la vie de la plante ne peut se réduire à des échanges de matière ou à des actions physico-chimiques (lumière, respiration,
photosynthèse).
La plante ne peut croître que grâce à de multiples actions vivantes (appelées aussi éthériques) venant d'êtres incomplets (c'est-à-dire qui n'ont pas de corps physique). Ces
êtres subtils, changeants et mobiles, qui jouent un rôle important dans la vie de la Terre, et spécialement dans la croissance des plantes, ont pour noms : Gnômes, Ondines, Sylphes et
Salamandres. Ces noms n'ont plus grand sens à notre époque, mais on les retrouve, parfois sous d'autres noms, dans la plupart des civilisations, dans les légendes des peuples. Traversés de
sentiments, ces êtres sont sensibles à la présence ou à l'absence des animaux et à la mentalité de l'agriculteur.
Animal :
L'homme n'élève souvent
les animaux que pour les services qu'ils lui rendent. Il a perdu le sens du mot "élevage" qui peut se traduire par « action de porter à un niveau (d'évolution) supérieur ». L'animal, comme
l'homme, est un être en devenir et le dernier a comme devoir d'aider le premier.
Le rôle de l'animal est autrement plus grand que celui qu'on lui attribue généralement, et parmi tous les animaux, la vache a une place à part, car c'est l'animal le plus en rapport tant avec le
Cosmos qu'avec les êtres élémentaires du sol. C'est pour cela que sa bouse, qui constitue pour la biodynamie le produit le plus important, est l'élément de base d'une bonne fertilisation et
permet l'élaboration de préparations utilisées pour stimuler la vie du sol.
Cette approche globale place l'agriculture biodynamique à part.
Nous pouvons ainsi caractériser 3 agricultures :
- l'agriculture conventionnelle, qui ne dépasse pas le cadre du matérialisme. Pour elle le sol est un simple support pour la plante, l'animal une usine à protéines et
l'agriculteur un exploitant agricole.
- l'agriculture biologique, qui certes introduit la notion de vivant, mais conçoit les choses avec la même approche « scientifique » limitée au sensible et à ses
conséquences visibles ou mesurables, même si certains de ses pratiquants ont une démarche intérieure plus développée.
- l'agriculture biodynamique, dont les bases scientifiques sont élargies au suprasensible, privilégie la notion de force à celle de substance et la notion de globalité à
celle d'analyse.
Ses buts essentiels peuvent se définir ainsi :
- soigner la Terre en la régénérant
- façonner et entretenir les paysages
- nourrir les hommes sainement
- développer la personnalité humaine
- ouvrir de nouvelles perspectives sociales sur les fermes en créant des liens entre producteurs et consommateurs, en y incluant les commerçants.
La distinction très nette entre agriculture biologique et agriculture biodynamique est souvent mal perçue par les tenants de la première. Il ne s'agit pas d'un rejet de sa
démarche propre, mais de l'énoncé d'une réalité profondément différente dans son essence. Elle n'exclut pas pour autant une collaboration sur certains objectifs précis.
Application pratique.
Cette
présentation est indispensable afin que l'agriculture biodynamique ne soit pas assimilée à un simple ensemble de techniques originales, plus ou moins ésotériques. C'est avant tout une démarche,
et l'agriculteur qui va mettre en place les applications pratiques suivantes, doit constamment développer en lui des forces de conscience pour comprendre ce qu'il fait et ce qui se passe sur son
domaine agricole, viticole ou arboricole.
L'utilisation des influences
cosmiques.
Le Soleil, la Lune, les planètes du système solaire, les constellations zodiacales, influencent directement, chacune à
leur manière, la vie de la Terre. A partir des indications originales de Rudolf Steiner, des scientifiques ont cherché à déterminer comment ces influences se manifestent précisément, et comment
les utiliser pour les travaux agricoles au cours des saisons. Une place particulière dans cette tâche, où beaucoup reste encore à faire, revient à Maria Thun qui, en Allemagne, travaillait sur le
sujet depuis 1952 et parfois en collaboration avec des organismes publics.
Cette scientifique publiait chaque année, jusqu'à son décès en 2012, un "calendrier des semis" qui visait à donner des indications pouvant servir pour tous les travaux agricoles et qui faisait régulièrement le point sur ses
travaux et recherches sur ce sujet.
Mais ce n'est qu'un instrument de travail dans les mains de l'agriculteur, même si, en dehors de l'agriculture biodynamique, il peut être utilisé à la lettre, d'une façon
mécaniste.
Vitalité de la Terre.
La vitalité de
la Terre est trop amoindrie pour que les influences cosmiques puissent vraiment se matérialiser d'une façon importante, sans l'aide de l'Homme. Aussi, les préparations biodynamiques sont-elles
nécessaires
Rudolf Steiner a posé les bases de l'élaboration et de l'utilisation d'un certain nombre de préparations d'origine minérale, végétale et animale à administrer comme des
médicaments à un organisme malade. Ces préparations ont chacune une raison d'être en fonction de l'origine des matières premières utilisées. Leur but est d'aider à mieux relier la Terre au
Cosmos.
Elles sont utilisées :
Dans les composts : (préparat à base d'achillée millefeuille, de camomille, d'ortie, d'écorce de chêne, de pissenlit et de valériane), pour guider leur
maturation et développer en leur sein les processus vivants des différents éléments (calcaire, phosphore, etc.)
Sur le sol : la préparation bouse de corne pour le vivifier avant qu'il ne reçoive les graines et pour stimuler ensuite le développement racinaire des plantes.
On l'utilise également lors des plantations.
Sur les plantes : la préparation silice de corne pour les aider dans leur cheminement vers les processus de maturation et de fructification. Son action est
particulièrement déterminante dans les processus liés au goût et aux couleurs.
Ces préparations sont administrées compte tenu des influences cosmiques existantes.
Certaines sont "dynamisées" avant utilisation, c'est-à-dire soumises à un brassage rythmique dans un récipient approprié. Cette pratique, ainsi que son administration à des
doses très faibles, permet d'établir un pont avec les principes et les techniques de l'homéopathie.
A cela, il faut ajouter un compost de bouse que Maria Thun a mis au point, en prenant en compte le développement de nouvelles sources de pollution, notamment nucléaire.
Les préparations sont élaborées au sein de groupes de biodynamistes ou de structures régionales qui regroupent producteurs et consommateurs, ou par des personnes travaillant en
rapport avec les structures nationales.
Régénération de la Terre.
La fertilisation :
Pour l'agriculture biodynamique, la plante retire peu de choses du sol, l'essentiel venant
de son environnement aérien et cosmique. La fertilisation, plutôt que de viser un apport alimentaire quantitatif par le sol, visera donc plutôt à entretenir et stimuler la
vitalité du sol. L'aspect qualitatif de la fertilisation qu'il doit apporter est la préoccupation majeure de l’agriculteur.
Par ailleurs, toutes les matières organiques ou minérales doivent passer par un processus de compostage en tas, visant à "organiser" leurs différentes composantes. Ce travail,
qui va conditionner, en partie, la santé du sol, de la plante, de l'animal… et de l'homme, est de première importance.
En général, les apports de minéraux (type lithotamme, phosphates naturels) ne sont pas pratiqués. On cherche plutôt à favoriser les processus qui vont permettre aux différents
minéraux du sol de retrouver des formes vivantes et utilisables par la plante.
Seul le basalte est souvent préconisé, non pas pour sa composition physico-chimique, mais pour l'apport de son processus de roche jeune, en évolution.
En matière de parasitisme, le regard du biodynamiste est différent : on considère que la plante malade "appelle" le parasite pour corriger l'atteinte de ses forces vitales, ce
qui peut aller jusqu'à l'élimination de l'individu malade. Donc, l'agriculteur va plus s'intéresser aux causes de cette atteinte qu'à la recherche d'une médication qui ne sera de toute façon
qu'un palliatif.
Pour l'éleveur, un même état d'esprit sera développé en tenant compte de la nature de l'animal, plus complexe que celle de la plante.
Vers l'organisme agricole.
L'évolution
de l'agriculture a poussé les paysans à la spécialisation. L'agriculture biodynamique, pour sa part, vise à toujours globaliser, à rechercher un certain équilibre entre les différents règnes :
minéral, végétal, animal et humain, dans le cadre de "l'organisme agricole" que constitue le domaine. A partir de la réalité de départ de sa ferme, le biodynamiste va donc chercher à définir et à
évoluer vers un équilibre adapté à la taille de son domaine, à sa région, au potentiel de travail de la ferme, à ses possibilités de commercialisation... et à ses dispositions spirituelles.
Aussi, si l'image-type que l'on peut ainsi définir est une ferme de polyculture-élevage, chacun va construire son propre organisme agricole avec son originalité. Un domaine qui
n'a qu'une spécialisation (maraîchage, viticulture, arboriculture, voire élevage sans cultures, etc.) est un organisme déséquilibré, même s'il est viable économiquement. Chaque agriculteur
biodynamiste doit assumer son choix, et mettre en place lui-même les conditions permettant d'assurer l'avenir de son domaine.